B. Du côté de la population
 
1) Diverses réactions
 
         Tout au long des premiers mois de 1945, la découverte de l’univers concentrationnaire nazi, que peu seulement avaient pu imaginer, entraîne de nombreuses réactions aux seins des nations. 
 

La population allemande jetée sur les routes par la chute du Reich ne se soucie que très peu de ces nouvelles.

Albert Claverie, libéré du camp de Sachsenhausen, dit à ce sujet : sur les routes inconnues la débâcle est pire que celle du Nord de la France en 1940. Des gens vont dans tous les sens, avec des poussettes et des carrioles chargées : des vieux, des femmes, des gosses… Tous fuient absolument indifférents à notre sort. Pourtant il y a des milliers de déportés en rayé sur les routes… »

Toutefois, la population allemande en général affirmera ne rien savoir de l’existence des camps.
 


Sur les Champs-Elysées (8 mai 1945)
 

La population des autres pays, tout à la joie de sa nouvelle liberté ne mesure pas toujours l’ampleur des crimes et massacres perpétrés sous le régime nazi. L’apprentissage des faits réels se fera à moyen, voire long terme.

Les ex-déportés, de retour dans leurs pays, arrivent parfois au milieu d’une population euphorique mais sans se sentir totalement inclus dans cette liesse.

Le docteur Leboucher parle de son retour : « en cours de route nous traversons une fête foraine de quartier ; la foule arrête notre véhicule et il nous faut accepter un verre de vin rouge et des gâteaux… Aucun déporté ne reste indifférent à l’accueil populaire parisien, qui traduit à la fois de la surprise, un besoin de savoir, et surtout une grande solidarité ».

L’une des premières préoccupations de la population reste d’ailleurs cette recherche de proches ou d’amis disparus.

Henri Pasdeloup dans son lit d’hôpital voit défiler « de pauvres mamans, épouses, sœurs, frères » venant chercher auprès de lui des renseignements de ce type.
 


Un soldat américain devant l'Arc de Triomphe
 

Quant à eux, les déportés ont souvent le sentiment de ne plus se reconnaître dans les soucis de ces peuples et s’interrogent, sur le long terme : « nous croira-t-on chez nous quand nous dirons la vérité ? »