C. De 1943 à 1945
1943: Alors que la presse reste silencieuse, un Juif de Pologne, immigré à Londres, se suicide en pleine rue pour attirer l'attention de l'opinion publique sur le sort des Juifs.
 


David OLERE, Blocs 2 à 5, Birkenau, représentation d'un "crématoire", bâtiment comptant chambre à gaz et four crématoire.

  • En mars, le secrétaire d'État Américain Cordell Hull  soulève la question « des 60 000 ou 70 000 Juifs qui se trouvent en Bulgarie et sont menacés d'anéantissement, si nous n'arrivons pas à les faire sortir ». Le ministre des affaires étrangères britannique Anthony Eden répond qu'il est impossible de sauver ces Juifs, sous peine de devoir faire « des offres similaires à la Pologne et l'Allemagne ».

  • En avril, lors d'une conférence, les Bermudes, Londres et Washington échangent leur point de vue. Leurs arguments restent toujours les mêmes : il faut d'abord gagner la guerre et ne pas tenter d'échanger des Juifs de Pologne ou de Roumanie contre le paiement d'une rançon (médicaments, nourriture...) que les Allemands pourraient utiliser en leur faveur.


Avril 1943, photo prise par le SS Hoffman sur la rampe de Birkenau. Ces femmes et enfants ont été sélectionnés pour la chambre à gaz.
 

      Des pays neutres, des diplomates, des Allemands hostiles à Hitler, des nazis repentis ou encore quelques rares évadés des camps rapportent des informations alarmantes et précises sur le régime des camps aux pays alliés.
 

1944 : Depuis janvier, l'OSS dispose de rapports très complets sur Auschwitz, avec des chiffres précis, ainsi qu'une description des méthodes de sélection et de gazage.

  • « Vous ne pouvez nier le fait que des millions de gens paisibles sont assassinés ou gazés sans aucun ménagement, en Russie aussi bien qu'en Pologne. »
    Jeudi 3 février 1944,
    Journal d'Anne Frank.

  • Le 7 janvier, le président des États-Unis assume le fait qu'il n'a fait qu' « acquiescer à l'assassinat des Juifs ».


Rudolf VRBA, l'un des deux évadés d'Auschwitz. La photo a été prise à la libération. Au dos, il a écrit: "avril 1945, première semaine passée hors de la forêt."  

  • En février, deux évadés d'Auschwitz, Rudolf Vrba et Alfred Wetzler, font un rapport sur le camp, en expliquant notamment le fonctionnement interne: les fours crématoires, les gazages... Londres, Washington ainsi que les institutions juives sont mises au fait de ce rapport.

  • Le 4 avril 1944, un avion de reconnaissance américain survole les installations d'Auschwitz, mais ne fait que localiser les usines de caoutchouc voisines. Les institutions juives vont alors demander le bombardement des fours et des chambres à gaz, ce qui rendrait l'extermination impossible, ainsi que le bombardement des voies de chemins de fer. Cependant, les Américains ont seulement bombardé des industries à 70 km d'Auschwitz, notamment une usine de raffinage. S'il n'y a pas eu de bombardements des chambres à gaz, c'est bien parce que les Alliés, et particulièrement les Américains, ne le voulaient pas.
     


Photographie aérienne d'Auschwitz, prise le 4 avril 1944.

  • En mai, Himmler, par l'intermédiaire d'Eichmann, propose l'échange d'un million de Juifs contre 10 000 camions, du café, du thé, du cacao et du savon.

  • 4 juillet, le secrétaire adjoint américain à la guerre (John Mc Cloy) déclare que les bombardements seraient « d'une efficacité douteuse ».


 

Admission à Mauthausen, janvier 1945,
 trois heures dans la neige par -12° ou -15° C,
voire moins, après une douche glacée.

Grâce à la centaine d'évadés (notamment des Polonais), la population environnante des camps savait ce qui s'y passait.

Pour les Alliés, la meilleure façon de sauver les Juifs et tous les déportés était encore de gagner la guerre. Selon leur logique, après elle, il n'y aurait plus de Juifs à libérer.