B. De 1939 à 1942
 
     Pendant la guerre, le secret devient plus lourd. L’extermination des Juifs nécessite le secret absolu. Plus aucun photographe officiel ne pénètre dans les camps, à l’exception du photographe personnel d’HIMMLER (chef suprême de la police allemande). Pendant cette période apparaît aussi un langage codé avec des expressions telles que « évacuation » pour désigner les déportations ou « solution finale » pour « extermination ».


Lebensraum for the conquered ("espace vital pour les vaincus")
dessin de David LOW, paru à Londres le 20 janvier 1940 dans le Evening Standard.
 
1940 : « Un officiel de la Wilhelmstrasse m’a rapporté aujourd’hui que les Allemands soumettent tous les Juifs de Pologne au travail forcé. Il dit que la durée est « limitée à deux ans ». 

   Le décret officiel dit : « tous les Juifs de 14 à 60 ans sont soumis au travail obligatoire. La durée est de deux ans, mais cette durée sera prolongée si son but pédagogique n’est pas rempli. Les Juifs concernés doivent se présenter rapidement, munis de nourriture pour deux jours et avec leur couchage. Les travailleurs spécialisés se présenteront avec leurs outils. Au cas où ils ne le feraient pas, ils encourraient une peine de 10 ans dans un pénitencier »
William L. SHIRER, journaliste américain, Berlin, 11 janvier 1940.
 


Himmler
 


Dubossary, Transnistrie, le 14 septembre 1941. 2 000 Juifs furent tués au cours de cette exécution.
 

1941 : Pendant l’été, les services de renseignements britanniques ont intercepté des messages faisant état des massacres commis par les Einsatzgruppen. Le 24 août, Radio-Moscou diffuse un appel lancé par les Juifs dès le début des massacres en trois langues (russe, anglais et yiddish). Le 25 novembre, l’Agence télégraphique juive annonce l’assassinat de 52 000 Juifs à Kiev.
 

1942 : Dès l’année 1942, tournant décisif, des informations circulent, non sans hésitations et erreurs : Auschwitz est connu. Les Alliés ne peuvent plus en douter : les nazis on enclenché la mécanique du génocide. La presse britannique annonce la mort de milliers de Juifs.
 


David OLERE, SS Beuzinger. De la chambre à gaz au four.
 

  • Le 2 juin, La BBC communique un total de 700 000 victimes juives. Quelques jours plus tard, le Général Sikorski déclare à la radio anglaise que « la population juive de Pologne est condamnée à l’anéantissement ». Cette année là, des dizaines de milliers de Juifs ont été massacrés.
     

  • Le 20 juin, le service de renseignement américain reçoit un rapport à propos des observations d’un officier britannique de retour du ghetto de Varsovie : « L’Allemagne ne persécute plus les Juifs. Elle anéantit systématiquement. ».
     


Gerhart RIEGNER
 

  • Le 8 août, Gerhart RIEGNER, représentant le congrès juif mondial à Genève, envoie un télégramme à Londres et à Washington. Il annonce que l’Allemagne s’apprête à « résoudre définitivement la question juive en Europe ». Il n’affirme pas que cette information est exacte, ne dit pas que l’extermination a déjà eu lieu, mais pense qu’elle commencera au début de l’automne. Il reste toutefois prudent et n’a aucune certitude.
     

  • Le 5 octobre, l’Agence télégraphique juive rompt le silence. Les Juifs de Lodz, annonce-t-elle, « sont empoisonnés au gaz ».

  • « Nous n’ignorons pas que ces pauvres gens seront massacrés. La radio anglaise parle de chambre à gaz. »
    Vendredi 9 octobre 1942, Journal d’Anne Frank.

  • Le 8 décembre, Roosevelt réunit les institutions juives. Il déclarera : « Le gouvernement des États-Unis est parfaitement au courant de la plupart des faits sur lesquels vous attirez aujourd’hui mon attention. »
     

 


Anna Frank

En 1942, il ne semble pas exister de moyen d’empêcher la solution finale.